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« Les enfants uniques n’ont vraiment pas de chance. J’ai deux frères et je les aime énormément. Je fais tout pour eux. Je suis leur grande sœur, ils ont 10 et 13 ans ; moi, 15. Quand nos parents se sont séparés, on s’est beaucoup rapprochés tous les trois, on était dans le même panier. Notre mère est réflexologue, et notre père travaille dans les espaces verts. On a grandi dans une maison à la campagne, tous ensemble. Mais, il y a cinq ans, ils se sont séparés.
Je m’attendais un petit peu à cette rupture, parce que je sentais que ma mère trompait mon père. Je l’avais deviné, c’était évident. J’avais remarqué des trucs qu’elle faisait, ce n’était pas très bien caché… Par exemple, elle tournait son téléphone quand je le regardais, elle ne le laissait plus à mes frères, elle avait changé son code. Elle était beaucoup moins présente à la maison, et dans nos vies en général. Quand j’ai senti que quelque chose n’allait pas, j’en ai fait des cauchemars. Je lui demandais : “Vous n’allez pas vous séparer ?” Elle me répondait : “Non, non”, mais je sentais que ce n’était pas sûr. Je me suis renseignée, j’ai trouvé son code pour accéder à son téléphone, je suis tombée sur des messages avec quelqu’un que je connaissais. Je ne me souviens plus exactement ce que ça disait, mais je voyais qu’il y avait de l’affection, que ce n’était pas des messages d’amis.
Ça m’a touchée. Surtout, je me suis dit : “Comment je vais le dire à mon père ?” Que ma mère soit amoureuse, ça ne me regarde pas. Mais mon père… Je ne peux pas lui cacher, mais je ne peux pas lui dire non plus. Je ne voulais pas forcément qu’ils restent ensemble, mais je voulais que ma mère soit plus présente. Alors je n’ai rien dit. Mais je me suis mise à avoir des douleurs, surtout au dos. Ma mère m’a emmenée chez le kiné et il a laissé entendre qu’il y avait quelque chose de psychosomatique et qu’il y avait des non-dits entre elle et moi. Elle a fait genre qu’elle ne savait pas de quoi il parlait.
Quand mon père m’a ensuite demandé comment s’était passé le rendez-vous, je lui ai raconté. Il m’a demandé le code du téléphone de ma mère. J’ai compris qu’il savait. C’est à la suite de ça qu’ils se sont séparés.
En voyant mon père très malheureux, j’en ai beaucoup voulu à ma mère. Pas d’être amoureuse, mais de m’avoir menti pendant un an, de m’avoir délaissée. Vu qu’elle avait trompé mon père, je ne pouvais pas me réjouir pour elle. Pour moi, son copain était l’homme qui avait gâché ma vie, enfin celle de mon père et la mienne. Au début, nos parents alternaient dans notre maison. Nous, on ne bougeait pas. Mais comme mon père ne voulait pas que le nouveau compagnon de ma mère vienne chez nous, on devait aller chez lui, avec ma mère, les week-ends. Ma mère était beaucoup plus concentrée sur son histoire d’amour. Mon père, lui, était pris dans sa tristesse. Du coup, ils ne s’occupaient pas de nous. On était nourris, ils étaient là dans les grandes lignes. Mais pour nos chagrins, les livres à lire le soir à mes frères, qui avaient 5 et 7 ans, les cauchemars que le plus petit faisait la nuit… ils ne géraient plus. La nuit, c’est moi qui allais dormir avec lui. Il a fini par m’appeler maman. Celui du milieu est très sensible et avait beaucoup de peine pour mon père.
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