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Quand son écran d’ordinateur a sobrement affiché, début juillet, qu’il était « admis » au capes d’histoire-géographie, Bastien a ressenti un « profond soulagement ». Une irrépressible fierté, aussi. Celle d’avoir réussi un concours exigeant, qui lui a demandé cinq ans d’études, dont deux ans de préparation intensive, pour pouvoir exercer le métier dont il a « rêvé » dès la fin du lycée. Depuis, en dépit des stages encadrés qu’il a effectués en master 2, « la pression du concours a laissé place à une autre : vais-je être à la hauteur ? », relate le jeune homme de 23 ans – qui a requis l’anonymat, comme toutes les personnes citées.
Il confie avoir « plusieurs fois songé à démissionner » dans la solitude de l’été où ni les rectorats ni les établissements n’étaient joignables pour répondre à toutes les questions qui l’ont assailli. Mais lundi 2 septembre, il fera bien sa première rentrée en tant que stagiaire dans un collège, chargé de six classes de 6e, 5e et 4e. « Je suis enseignant sur le papier, mais je ne vais vraiment le devenir qu’en rencontrant mes élèves », estime-t-il, aussi « impatient qu’anxieux à l’idée de ce qui [l]’attend. »
Comme lui, ils sont environ 20 000 à rejoindre l’éducation nationale chaque année, alors qu’une profonde crise de recrutement mine le premier employeur de l’Etat – plus de 3 000 postes n’ont pas été pourvus à l’issue des concours en 2024. De jeunes recrues dont les récits témoignent de l’intérêt intellectuel et humain que les métiers de l’école peuvent susciter, de la motivation, voire de la passion qui anime ceux qui les choisissent, mais aussi de toutes les difficultés et les obstacles qu’ils rencontrent dès le début de leur parcours – et qu’ils ne surmontent pas tous.
Enseignant ou personnel de vie scolaire, les personnes que Le Monde a interrogées ont choisi de le devenir par héritage familial, par « admiration » de professeurs qui ont marqué leur scolarité, par affinité avec la jeunesse, par « volonté d’aider », par goût de la transmission. Quitte à devoir, parfois, passer outre les doutes de leur entourage. « Au départ, mes parents voulaient pour moi un métier mieux payé et mieux considéré », confie Yasmine, 25 ans. Professeure des écoles dans l’académie de Versailles, elle sera rémunérée environ 1 800 euros net par mois pour cette première année, et sait que les perspectives d’évolution sont faibles. « Après cinq ans d’études, c’est peu. C’est clair qu’on ne fait pas ce métier pour l’argent… Mais je trouve quand même qu’il n’y a pas plus beau que d’aider un enfant à progresser, à dépasser ses difficultés », affirme-t-elle.
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